Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Gypaète barbu
Gypaète barbu
Répartition géographique
LC :
Préoccupation mineure
Le
Gypaète barbu (
Gypaetus barbatus) est l'une des quatre grandes
espèces de
vautours européens. C'est la seule
espèce du
genre Gypaetus. Il appartient à l'ordre des
Accipitriformes et à la famille des
Accipitridés. Il fut anciennement appelé
Phène des Alpes[1],[2]. Il se nomme
Bartgeier (Vautour barbu) en langue allemande,
Gipeto en italien,
Quebrantahuesos (littéralement « casseur d'os ») en espagnol, selon les langues des principaux pays européens où l'espèce est présente (Alpes, Pyrénées).
Son envergure varie de 245 à
285 cm pour un poids de 5 à
7 kg et sa longueur varie de 105 à
130 cm.
En Suisse, il vit dans le massif des
Alpes bernoises. En
France, il est présent en
Corse et dans les
Pyrénées. Il a été réintroduit dans les
Alpes françaises d'où il avait disparu au début du
XXe siècle, faussement accusé des pires maux : les derniers spécimens ont été notés dans les
Hautes-Alpes et le
Mercantour en 1935
[3].
Ce
vautour se nourrit principalement d'os, qu'il laisse tomber sur les rochers, afin qu'ils se brisent et qu'il puisse se nourrir de la moelle, mais aussi de pattes, de tendons et de ligaments d'ongulés sauvages ou domestiques qu'il ingère grâce à un gosier élastique. Doté de puissants sucs digestifs, il est capable d'utiliser les protéines, graisses et sels minéraux contenus dans cette nourriture très spéciale.
Plutôt que d'affronter les autres charognards, notamment les
vautours fauves ou les
grands corbeaux, il peut patienter très longtemps avant de s'approcher des carcasses. En effet, il est le seul à pouvoir se nourrir de ce qui reste après leur passage.
Le gypaète est surnommé :
- le « casseur d'os », car il a l'habitude de laisser tomber les os les plus gros (de préférence les os « longs », riches en moelle) d'une hauteur de 50 à 100 mètres sur les flancs de falaise ou sur les pierriers (champ de pierres), il en mange alors les débris et les ligaments ;
- ou le « nettoyeur des alpages », car il joue un rôle sanitaire essentiel en se nourrissant de cadavres d'animaux de la faune sauvage (chamois, bouquetins) et d'animaux d'élevage (moutons, chèvres).
Gypaète barbu sur des rochers.
Le gypaète est un oiseau des montagnes d'Europe, d'Afrique de l'Est et d'Asie. En général, il niche dans les zones de montagnes situées aux limites supérieures de la forêt, de préférence dans une grotte ou vire surplombée sur falaise escarpée, à proximité ou non de pierriers.
Le gypaète barbu adulte arbore un plumage ventral d'un beau rouille orangé. Cette coloration provient d'une teinture due à des bains répétés d'eau et de boue ferrugineuses.
Jusqu'à l'âge de 4 à 5 ans, le gypaète effectue une sorte de long voyage initiatique au cours duquel il va affronter de nombreux dangers dus à des phénomènes naturels, mais dont une autre partie est de la responsabilité des hommes (câbles électriques, remontées mécaniques, tirs de fusils, empoisonnements).
Au terme de son voyage (6-7 ans, âge de sa maturité sexuelle), il va commencer à se sédentariser, à former un couple et à construire une aire inaccessible pouvant mesurer plus de deux mètres de diamètre. Les parades nuptiales, incluant de spectaculaires piqués à deux, débutent entre octobre et février. La femelle pond 1 à 2 œufs entre décembre et mars, après une incubation de 53 à 58 jours, mais un seul oisillon est conservé, les parents ne pouvant en nourrir deux. L'envol du jeune s'effectue entre juillet à août.
En captivité, un gypaète a vécu jusqu'à l'âge de 44 ans. Dans son milieu naturel la longévité est estimée à 30 ans.
Un gypaète barbu (
Gypaetus barbatus)
Depuis les
années 1970 il fait l'objet de divers programmes internationaux de réintroduction dans les montagnes autrichiennes, françaises, italiennes et suisses.
Avec le concours de l'
Organisation mondiale de protection de la nature, de l'
UICN et de la
Société zoologique de Francfort, des oiseaux sont élevés dans le cadre d'un projet international d'élevage dirigé par des chercheurs de plusieurs pays. La première réintroduction a lieu en
1986 dans la
vallée du Rauris en
Autriche, d'autres lâchers se succèdent en Autriche, en France, en Italie, en Suisse.
Depuis
1998, un nouveau programme
Life nature, intitulé « Conservation du gypaète barbu dans les Alpes françaises » et piloté par l'association
Asters, réunit sept pays dans le but d'établir une population autonome et naturelle de gypaètes barbus dans l'ensemble des Alpes. Dans le cadre de ce programme, ont été prises des actions de sensibilisation auprès du grand public, de création d'observatoires, de protection des sites de nidification et de vie, de mise en place de balises rouges sur les câbles aériens et de suivi des oiseaux par satellite.
Depuis la fin des
années 1980, il est l'objet d'un programme réussi de réintroduction dans les massifs français (
Haute-Savoie,
Savoie,
Isère Mercantour et
Grands Causses). Dès
1972,
Gilbert Amigues, ingénieur à la DDAF et
Paul Géroudet,
ornithologue, lancent l'idée d'une réintroduction dans les Alpes françaises et vont fédérer autour d'eux de nombreux autres chercheurs, ornithologues et amoureux de la nature. La première réintroduction a eu lieu dès
1987 dans la vallée du
Reposoir en
Haute-Savoie et la première naissance dans la nature a eu lieu en
1997.
En l'an 2000, quelque 90 gypaètes vivaient dans tout l'arc alpin. Ils sont environ 150 en 2012. En France en 2012, 7 couples ont donné 4 jeunes à l'envol. 48 individus ont été observés dans les Alpes françaises lors de la journée de suivi international du gypaète qui s'est déroulée le 6 octobre 2012
[4].
En
Suisse, un petit gypaète barbu est sorti de son œuf fin mars 2007 au col de l'Ofen, aux
Grisons, au-dessus du
Parc national suisse. Cela n'était plus arrivé en Suisse depuis 122 ans
[5], un autre est né près de
Derborence en
Valais à la fin avril 2007.
Le Gypaète barbu bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire. Il est inscrit à l'annexe I de la
directive Oiseaux de l'
Union européenne[6]. Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l'enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu'il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l'utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l'acheter.
Il reste malgré cela souvent la victime de tirs de chasseurs, notamment en France, dans le massif des Pyrénées
[7].
Selon une légende rapportée par la
Souda[8], le dramaturge grec
Eschyle serait mort assommé par une tortue lâchée par un rapace en vol sur sa tête chauve, qu'il aurait prise pour une pierre. Le texte mentionne un
aigle mais ce comportement, même si l'événement n'est que fictif, correspond plus au gypaète barbu.